La main est un membre essentiel, dont l’usage a été le facteur essentiel du développement de l’humanité. C’est une mécanique de précision, aux capacités exceptionnelles. Mais la main, associée au poignet, est aussi une partie du corps très exposée aux chocs, aux accidents de la vie courante et aux atteintes du temps. Son usage dans tous les actes du quotidien l’expose à des risques importants. Sa perte, ou la diminution de sa mobilité ou sensibilité, est pour beaucoup de personnes un drame et un frein à de nombreuses activités.
Nous avons rencontré le Docteur Pierre Siret, chirurgien orthopédiste au sein de l’Institut Rennais de Chirurgie Orthopédique et de Médecine du Sport (IRCOMS), à Cesson-Sévigné (35). Ce spécialiste de la main et du poignet apporte un éclairage sur les pathologies des membres et articulations rencontrées à Rennes et dans l’Ille et Vilaine.
Une chirurgie orthopédique et réparatrice innovante
L’évolution de la médecine, et notamment de la chirurgie orthopédique, permet désormais une réponse adaptée à la plupart des traumatismes et pathologies. Les chirurgiens orthopédistes de l’IRCOMS, spécialisés dans les interventions sur la main, s’investissent pleinement pour que les techniques de microchirurgie et d’arthroscopie évoluent en permanence.
Le Docteur Pierre Siret, qui opère dans la métropole de Rennes depuis 2000, est un des artisans de cette évolution, à travers sa participation à la Société Française de Chirurgie de la Main et à la conception de prothèses articulaires du doigt innovantes.
Le Docteur Jean-Wilfrid Fontaine est spécialisé dans les pathologies de l’appareil locomoteur liées au sport, chirurgien de la main. Son expérience de la chirurgie orthopédique et traumatologique se double d’un DIU d’arthoscopie et microchirugie.
Réparer et prévenir les accidents de la main
Une étude récente a montré que chaque année, plus de 1,4 millions d’accidents de la main interviennent. Tous ne sont pas graves, heureusement, mais on estime que 620 000 sont considérés comme tels.
La Fédération Européenne des Services d’Urgence de la Main (FESUM) attribue la hausse constatée au développement des activités manuelles, tant au niveau des loisirs et pratiques sportives que lors de séances de bricolage ou jardinage. Les risques domestiques sont également pointés du doigt. Il faut aussi préciser que les accidents du travail touchent en majeure partie la main. Les protections, la maîtrise des gestes et le respect de règles de prudence permettent de réduire le nombre et la gravité des traumatismes liés aux accidents de la main.
Une question s’imposait, que nous avons posée au Docteur Pierre Siret.
G. G. : Vous exercez comme spécialiste de la main à Rennes depuis dix-huit ans. La proximité de Cancale et le goût des Bretons pour les fruits de mer se traduit-elle par une explosion des mains perforées au couteau à huitres ?
Pierre Siret : Ah, c’est une bonne question et j’avoue ne pas disposer d’étude précise sur le sujet. Pour rester dans le ton de l’humour, je peux dire que justement, l’habitude des gens du pays rennais de consommer des huitres leur donne une expertise qui limite les blessures de la main et donc les interventions chirurgicales. Plus sérieusement, votre question met en lumière tous ces accidents que l’on croit anodins et « stupides », qui pourtant peuvent s’avérer très invalidants, avec des nerfs et tendons sectionnés, des phalanges broyées. Il faut aussi parler des pathologies de la main, du poignet et jusqu’à l’épaule qui sont liées à de nouvelles pratiques professionnelles. Je pense notamment au travail sur ordinateur, avec les souris qui peuvent générer des tendinites à répétition, des doigts à ressaut ou plus sévèrement des arthroses précoces. Notre rôle de chirurgiens de la main est de faire avancer à la fois la prévention, par l’adoption de méthodes permettant de préserver les membres supérieurs, et bien sûr le diagnostic et le traitement.
L’arthrose et les lésions tendineuses, une fatalité liée à l’âge ?
L’âge, ainsi que de possibles prédispositions, peut participer au développement de certaines pathologies. Les doigts à ressaut, l’arthrose du poignet et des doigts, les syndromes canalaires dont le bien connu canal carpien, et toutes les lésions tendineuses sont accentués par les années, le surpoids, et souvent le diabète. La chirurgie orthopédique apporte cependant une réponse réparatrice et un soulagement dans la plupart des cas, lorsque les prescriptions médicamenteuses sont impuissantes.
Pierre Siret voit souvent en consultation à l’Institut Rennais de Chirurgie Orthopédique et de Médecine du Sport des patients qui se plaignent de ne plus pouvoir continuer certaines activités à cause de membres supérieurs douloureux ou en perte de mobilité.
Notre question est celle que tous se posent : L’opération chirurgicale est souvent vue comme une fatalité par les patients de plus de 60 ans. Est-on « condamné » à l’opération du canal carpien, à l’arthrose du poignet ou du pouce ?
Pierre Siret : Non, bien sûr. Il ne faut pas partir avec une telle idée. Le diagnostic s’appuie sur des symptômes, pour la détection et l’appréciation clinique desquels nous disposons d’outils appropriés. Au-delà du diagnostic, il faut appréhender la gêne occasionnée, et l’évolution prévisible de la pathologie qui affecte la main. L’opération n’est jamais envisagée à la légère. Elle découle, quand elle est nécessaire, d’un travail d’écoute, d’information et d’analyse. Notre action doit amener au patient une meilleure mobilité de la main et des doigts, sans douleur, afin qu’il retrouve quel que soit son âge et ses activités une vie normale.
Propos recueillis par Gilles Garidel — juin 2018